mercredi 9 novembre 2011

[…] Et si l'on me demandait : « As-tu joui de ton séjour sur la terre ?" Je répondrais : "Ma vie n'a été qu'une longue crucifixion en rose ».
Quand au sens de ces mots, s'il n'est déjà clair, il sera élucidé. Si j'échoue, alors je ne suis que le chien du jardinier.
Il fut un temps où je croyais avoir été blessé comme jamais aucun homme ne l'avait été. Parce que tel était mon sentiment, je fis vœu d'écrire ce livre. Mais longtemps avant que je l'eusse commencé, la blessure avait guéri. Puisque j'avais juré de remplir ma tâche, je rouvris l'horrible blessure.
Laissez moi le dire d'une autre façon… Peut-être en rouvrant la blessure, ma propre blessure, ai-je refermé d’autres blessures, les blessures d’autrui. Quelque chose meurt, quelque chose fleurit. Souffrir dans l’ignorance est horrible. Tout autre chose est de souffrir délibérément, afin de comprendre la nature de la souffrance et de l’abolir à jamais. Bouddha n’a eu toute sa vie qu’une idée fixe, comme nous le savons. C’était d’éliminer la souffrance humaine. […]
Henry Miller, Plexus

mardi 5 avril 2011

Revue Geste n°7

SOMMAIRE
catch épique
——————
Entretien avec Marc Mercier
Gala de la Catch Academy
Paroles de catcheurs en herbe
Photographies de Thibault Camus
dossier : proliférer
——————
Introduction, par Jean-François Puff
Kolam par Marie Preston
Atelier permanent pour Kombucha géant,Rencontre avec Michel Blazy,sculpteur du vivant
Qu’est-ce qui nous dégoûte dans le grouillement de la vermine ?Les paradoxes de l’unité, par Julia Peker
Vagabondes, herbes folles et graines dormantes. Entretien avec Gilles Clément
Abondance d’abondances : ochons et limaces, par Laetitia Bianchi
Un naïf ornement :le gribouillage, par Jean-François Puff
Général Instin : Le Survol télescopique du GI.
Lexique d’Instin,par Guénaël Boutouillet & Patrick Chatelier
Les cabales ouvrières à Paris au XVIIIème siècle, par Arlette Farge
Les chiens errants de Constantinople, par Catherine Pinguet
Une uchronie proliférante : « Fantasque time line », par Jean-François Puff
La métaphore médico-chirurgicale appliquée à l’ennemi dans le discours militaire pendant la Guerre Froide
Entretien avec Gabriel Périès
Elle se plaisait à inonder les peuples de mille rumeurs diverses, par Philippe Aldrin
faits & gestes
——————
Un beau geste.Tuer Marat, par Guillaume Mazeau
Boutonner-tâtonner, par Pierre Pachet
les halles avant travaux
——————
Fugue, par Maxime Courban
Les Halles (échantillons),par Gros demi-gros
Canto ventisei, par Jean-François Puff
gestuelles
——————
La vie en roses. Entretien avec André Ève & Guy André
Dans le cochon, tout est bon. Entretien avec André Lenormand

mercredi 24 novembre 2010


Thomasina. Septimus, qu’est-ce qu’un étreinte charnelle ?
Septimus. L’étreinte charnelle est… le mouvement par lequel on se saisit… d’un quartier de bœuf…
Thomasina. Est-ce là tout ?
Septimus. Non… D’une épaule de mouton aussi. Ou d’une cuisse de chevreuil, ou même d’une poule faisane. Du latin caro, carnis nom féminin, la chair.
Thomasina. Est-ce un péché ?
Septimus. Pas forcément. Mais quand l’étreinte charnelle est une péché c’est un péché de la chair : c.q.f.d. Nous avons rencontré caro dans notre Guerre des Gaules : « Les Bretons vivent de lait et de viande », « Lacte et carne vivunt ». Je constate que la semence est encore tombée parmi les rochers…
Thomasina. Ça c’est le péché du prophète Onan n’est-ce pas ?
Septimus. Oui. Il essayait d’inculquer un peu de latin à la femme de son frère, qui ne s’en trouvait pas plus sage pour autant. J’avais cru comprendre que vous cherchiez la démonstration du théorème de Fermat…
Thomasina. C’est très difficile, Septimus. Il faudra me montrer.
[…]
Thomasina. Si vous ne m’apprenez pas le vrai sens des choses, qui le fera ?
Septimus. Vous avez raison. Honte à moi. L’étreinte charnelle désigne à proprement parler les rapports sexuels, à savoir l’insertion de l’organe génital mâle dans l’organe génital femelle dans un but de procréation et de plaisir. Le théorème de Fermat, quant à lui, postule que si x, y et z sont trois nombres entiers élevés à la même puissance n la somme des deux premiers ne saurait être égale au troisième lorsque n est supérieur à 2.
Thomasina. Bèèh !
Septimus. Peut-être, c’est pourtant le théorème.
Thomasina. C’est répugnant et incompréhensible. Mais quand je serai assez grande pour pratiquer ça moi-même, Septimus, ce sera toujours en pensant à vous.
[…]

Arcadia, Tom Stoppard. Adaptation française de Jean-Marie Besset.

mercredi 10 novembre 2010

Prépare-toi à mourir
prépare-toi
bruissent les cerisiers en fleurs
小林一茶

vendredi 30 juillet 2010

Il y fort longtemps que je ne m'étais pas amusé à ça. L'utilisation des mots-clefs qui permirent à quelques-uns de se perdre ici.
En 1499 caractères, bien sûr.

Elle s’assied à l’écart à la terrasse. Une belle femme assise, enfant sur les genoux, cigarette dans une main, le verre de Chardonnay en retrait. Pour ne pas être renversé par le petit. Je la regarde quelques instants avant de m’asseoir à sa table. Nous nous saluons. Au fait dit-elle pour entamer la conversation, tu sais que je viens de faire des travaux à la maison et je me demande si bébé peut pleurer à cause de l’odeur de peinture. Je n’ai aucune idée, essaie de m’intéresser mais mon esprit divague. Voilà le tableau : l’enfant endormie avec une tartine et un chat et toi nue et moi aussi en train de déclamer : Caressez un homme comme moi vous serez bonne… Minable fantasme. Nous parlons de choses et d’autres. Elle me demande si j’ai retrouvé l’auteur de cette fameuse photo nommée cookies de femme nue sur un lit. Malheureusement, non. Pourtant je ne ménageais pas mes efforts, fouillais un peu partout, même sur Art Scotch Paper. Je restais bredouille mais. Soudain un hurlement me vrille les tympans : Alexei nilytch kirillv. Je me retourne et vois la femme appuyée contre un réverbère de l’autre côté de la rue. Parce qu’elle mangeait cette voyelle, ce o noir, je la reconnaissais tout de suite. Je dois fuir. Tout de suite. Je me lève renverse ma chaise et la laisse là avec le caniveau, serpillères et déchets. Je commence à courir, dépasse les Bains-douches Olivier-Metra ne me retourne surtout pas et file vite vers le bas de la rue et ces mots résonnent dans ma tête : nue de toi.

lundi 31 mai 2010



Spirale (extrait)
Dessins William D.

mercredi 17 mars 2010

[...]
Ainsi nous voyons que tout passe,
Et que tout rompt et que tout lasse,
Ainsi nous croyons tout perdu,
Ainsi de nous rien ne résiste,
Ainsi nous pensons, chose triste,
Que rien ne nous sera rendu.
[...]

Claudius Popelin, Peut-Être