mardi 27 novembre 2007

vendredi 23 novembre 2007

Les clématites mauves et petites et roses et pâles, livides, en bordure du chemin dont les graviers gris crissent sous nos pas mal accordés murmurent décadencée une drôle de musique au gré des zigzags, virevoltes et virevousses effectuées.

Chaque jour sont des couleurs grises que je souhaiterai dans le rêve peut-être plus primaires.

dimanche 11 novembre 2007

samedi 10 novembre 2007

Werner Schwab, Extermination du peuple ou Mon foie n’a pas de sens, Acte 3

Texte français de Henri Christophe.

Dans la salle à manger stylée de madame Pestefeu. La famille Kovacic, madame Ver et Herrmann sont assis à table, encore en train de manger. Madame Pestefeu tourne autour de la société tout en parlant.

Mme Pestefeu : Tout le matériel convié a donc pris place comme il se doit et s’empiffre à ras bord comme il fallait s’y attendre. Madame Ver, distribuez le gâteau. On a pensé à tout, foi de Pestefeu… car à vous, tels que vous êtes, vous ne devriez accorder la moindre foi.

Je m’exprime les meilleurs vœux pour mon anniversaire et vous interdis formellement de m’imiter. Vivre pendant des décennies une vie telle que la mienne que j’ai vécue et que je vis, c’est toujours, vu du dedans, une outrecuidance curieuse que malgré tout je me suis permise et que je me permets toujours… sans même y penser, comme vous auriez pu penser,si vous étiez capable de penser.

Vous avez sans doute depuis toujours une envie folle de visiter de visu l’antre Pestefeu. Je vous en prie… vous êtes aujourd’hui au collet de l’occasion. Mais on a pensé à tout, foi de Pestefeu. Tout cela a ses prémices cachées et ses abysses lâchés.

Mme Kovacic : Nos meilleurs vœux pour votre anniversaire, madame Pestef…

Mme Pestefeu : Taisez-vous, ce que je dis je le pense. Jamais je ne vais au ceps sur les parkings devant les magasins d’alimentation. Et je ne répète pas non plus simplement des philosophèmes dessinés sur du papier hygiénique. Je ne vis rien de ce que vous, cerveaux-normatifs, êtes forcées ou capables de vivre comme ça, simplement. J’ai toujours tout tenté contre ma nature, savez-vous, et je connais comme vous un enthousiasme régional ou simplement populo-traditionnel pour la simple croûte bichromée d’un… mettons paysage. A chaque occurrence paysagère, cet élan juvénile contre une désespérance exemplaire, vous savez, un malheureux délire de persécution en justice… un prolétarisme autodicté. Mettons : une bouteille de cognac, le moins cher évidemment, pour une surface de vie rapée ou pour un paté de foie bien tassé, cent cinquante grammes en un seul tas, si possible, pour une sensation vitale coupée en tranches, savez-vous… Je n’ai pas reculée devant l’affliction, en vue de l’annexion totale, en vue d’une cohérence humaine parfaite. Gentillesse humaine, ai-je pensé un temps partiel, et j’ai tout couché dedans une seule phrase : ce sont tous des êtres comme moi. Mais ce n’était pas des êtres…et aucun être, seulement du pâté de foie tassé par un préalable ou, pour le dire plus exactement : ce n’était pas tous des êtres, et moi je n’ai jamais été un être humain.

M. Kovacic : En ce qui concerne le pâté de foie, je connais un boucher extra, Charlies Votilla, il a le meilleur mixage d’épices, bien sûr top secret. Et il est bon prix, le Votilla… C’est est un qui attache de son pâté de foie qu’à a bienheureuse clientèle, et à la fin, tout finit toujours bien.

Mme Pestefeu : Pour votre conditionnement décimé c’est sans doute un coup e masse bien intentionné, monsieur Kovac, mais il est trop tard, beaucoup de ratés de soi et de pâtés de foie trop tard, monsieur Kovac. Vous savez, ce côté bonne pâte, c’est le côté populaire flou, la face totale définitivement satisfaite. Toute perception qui se mue en multitude extermine… extermine… extermine.

M. Kovacic, à madame Kovacic : C’est simple, je ne la comprends pas la vioque.

Madame Kovacic lui fait signe de se taire.

Mme Pestefeu : Bien sûr que non, Kovac. Autrement vous devriez mourir sur le champ. Monsieur Kovacic fait signe en cachette qu’elle est toquée. Un paysage se pose sur chaque être vivant et écoute. Trop d’air, murmure-t-il, le paysage. Il faut se restreindre, se résigner, se fractionner avant d’être soulagé dessus la terre. Je hais les enfants et le travail posté, savez-vous. La théorie d’un paysage est un mirage en termes de travail , auquel on doit accorder son consentement. L’unique exterminant est le côté paysage en soi, savez-vous, mais vous ne le savez pas puisqu’il vous faut tout fractionner, puisque c’est pour vous une nécessité vitale, puisque rien ne peut exister ne serait-ce que par traces.

Mme Ver : Tout paysage pourtant a son charme paysager, et un travail fait toujours bon sens dedans les mains, peu importe comment le travail a poussé.

Mme Pestefeu : Positionnez-vous devant une glace, madame Ver, et dites : Ceci est mon pays. Ensuite contemplez votre enfant, Herrmann, votre chair forée, en tant que paysage que vous fut fait à une heure de faiblesse désirante. Votre Herrmann, c’est de la vie dépecée, madame Ver, moi, par chance, j’ai réussi à me pétrifier. Sans scrupules, vous autres, vous engendrez le tourment dans la mort.

Hermann laisse échapper des sanglots sur la table.

Mme Kovacic : Mais tout ça c’est affreusement épouvantable, mais tout ça c’est… dégénéré, comme on dit.

Mme Pestefeu : Mais enfin, madame Kovac, c’est la langue, la langue réagissante seulement qui décolle comme l’oiseau, chimère proférées, savez-vous., je n’ai jamais eu personne, des décennies d’impatience, un isolement impitoyable… tout ce qui m’emplissait… abandonné par moi… Pourtant madame Kovac, je n’ai que moi, exclusivement… et j’ai entendu dire qu’on pouvait faire ce qu’il y a de plus beau avec la meilleur langue qui soit, ce qu’il y a de plus singulier avec une langue aussi extatique que possible. Sachez donc encore, madame Kovac, que tout ce qui est possible doit être possible en tant que langue. Elle touche du bout du doigt le bout du nez de madame Kovacic après s’être approchée d’elle de manière démoniaque. La langue de la langue est encore mieux, et de beaucoup, que le marc de café. Non pas que le marc de café serait moins favorable, non, pas moins favorable qu’un quantum, simplement moins beau, savez-vous, espèce de Kovac au féminin.

Mme Kovacic : Pour un juste Ciel, ne me touchez pas, madame Pestefeu, je ne peux pas accomplir ça.

M. Kovacic : Ne m’attaquez pas par la face de ma femme.

Mme Ver : Mais pourquoi, une noble hautement solitaire comme vous, ‘navez vous pas attrapé un homme qui aurait pu emporter votre vie ?

Herrmann : Ferme donc ton clapet subliminal, maman, qu’est-ce que tu en sais toi, de tout ce qu’on peut savoir.

Madame Ver regarde Herrmann, éberluée.

M. Kovacic: Madame Pestefeu et une veuve indécrottable, voilà.

Mme Pestefeu : Exactement, mon éphémère de Pestefeu, savez-vous, un misérable chien d’arrêt allemand. Gynécologue, savez-vous, avec une formation psychanalytique. Freud, vous savez sûrement, l’horizontale comme base de formation de rapports cordiaux.

Herrmann : Mais pour l’heure, nous sommes invités chez madame Pestefeu. La vie peut aussi évoluer vers la verticale, dans son ensemble. La vie en ce moment n’est tout de même pas si malpourrie que ça, pas vrai, monsieur Kovacic.

Il boxe gentiment monsieur Kovacic à l’épaule.

M. Kovacic, outré : Pas toi… tu devras te décomposer avant même qu’une mort vienne t’allonger. Toi, au moins, tu n’as pas d’autre choix, chien éclopé. Moi, je dois nourrir mes bonnes femmes à fond, les labourer à fond, jusqu’à ce que tout ait trouvé des ramifications. Moi, je dois tenir bon à perpète…

Il est soudain pris d’un rire hystérique.

Mme Kovacic, outrée : Par les coronaires de mon âme, j’ai toujours sur que tu ne pouvais pas être mon mari-mari. Toi… tu es un sous-horrible trompêreur. La mère de tes enfants, tu ne la verras plus. Mes yeux sont dessillés. C’est terminé.

M. Kovacic : Qu’est-ce qui est terminé, là ?

Désirée [fille Kovacic] : Couchée, maman, tout est très particulier.

Mme Pestefeu, riant : Mesdames et messieurs, allez, coulez telles des particules lourdes dans une accalmie. Je vois avec une satisfaction joliment teintée que ma mauvaise influence peut encore produire de l’effet. Alors que pendant des décennies j’ai dû me digérer moi-même et que mon cœur battait pour me rendre compte avec vaillance que mon influence devait être un mauvais écoulement, qu’une véritablement bonne intention pouvait être un moyen de déraillement général. Tout ce qui valait d’être aimé semblait toujours ne contenir que de brefs instants supportables.

Mme Ver : Mais enfin, madame Pestefeu…

Mme Kovacic : S’il faut être un surhomme à ce point compliqué, vous auriez dû choisir un homme supérieur au plan sensé qui aurait pu vous fournir une satisfaction tranquille.

Mme Pestefeu : Madame Kovac, vous avez toujours pu n’être qu’une mauvaise herbe au bord d’une route quelconque… te d’un pied léger, vous avez pu trouver votre herbicide, à savoir votre Kovac.

M. Kovacic : Kovacic… Kovacic.

Mme Pestefeu : Mais le véritable crétinisme et je souligne véritable, et je souligne crétinisme, finit par se loger dans la soi-disant intelligence, savez-vous, madame Kovac, savez-vous, monsieur Kovac… mon Ver-bot [Herrmann, qui a un pied-bot] n’est plus obligé de savoir cela. La mauvaise herbe est toujours un ersatz pour toutes les abominables végétations. C’est pourquoi ce jour d’aujourd’hui, tout réclame une fin réellement effective.

Herrmann : Madame Pestefeu, ma laideur m’a incorporé dedans ses difformités, et la laideur montre toujours ses limites des paysages qui divisent tout par le bas. Vous m’avez démontré combien je dois être laid et qu’il existe une mort à soi que Dieu n’a pas développée lui-même. Je… je veux rentrer… dedans le néant, là où les mauvais tableaux ont aveugles à une laideur propre.

Mme Ver : Tu vas conserver ton douloureux clapet dans ta solitude maintenant, Herrmann. La vie vaut d’être vécue parce qu’elle a la forme de la vie…point final.

Désirée : Je devrais exprimer quelque chose, si j’ai le droit. C’est que le vie et toujours présente, automatiquement, et si on peut trouver un petit bonheur de jouissance, la vie vous embrasse d’elle-même… non ?

Bianca [Fille Kovacic] : Justement, tout le monde a la baisante. C’est normal, bien sûr, comme on doit l’être le cours de la vie entière.

Désirée : Bien sûr, baiser, c’est super.

M. Kovacic : C’est que mes filles connaissent l’adresse de la vie. Couche-toi là et vlan… et la vie se tiendra bien tranquille.

Mme Pestefeu : Modérez-vous, Kovac.

M. Kovacic : Kovacic… Kovacic, vieille schnoque.

Mme Kovacic : Modère-toi Kovacic.

Monsieur Kovacic regarde sa femme, éberlué, Madame Pestefeu part d’un grand rire.

Herrmann : Moi je n’ai encore jamais… encore jamais avec une fille…

Mme Ver : Je l’espère bien de toutes mes forces d’une volonté, puisque tu n’es rien sans moi.

Désirée : Herrmann trouvera bien un jour une éclopée ou une lilliputienne où il pourra enfoncer son petit ver. Là où il y a de la vie, il y a un bouchon… et vice versa.

Mme Kovacic : Modère-toi, Désirée.

Bianca : Modère-toi, Désirée.

Elle rit… toutes deux rient.

Mme Pestefeu : Vous voyez, on le voit déjà, tout va assez heureusement à vau-l’eau. Seul ce qui est mort renâcle perpétuellement. Je suis condamnée, savez-vous. Il n’y a personne pourtant qui aurait vraiment pu m’écarter de façon inconvenante. Vous savez… accorder une égalité des chances à ce qui n’a pas de sens, j’ai toujours eu le sens de cela. J’étais allongée à côté de mon gynéco psychologisant et composais dans ma tête des chansons repoussantes, jusqu’à ce qu’il s’endorme.

Elle se rend près d’Herrmann et lui pose une main sur l’épaule. Vous savez… ma vie d’aujourd’hui… contrainte à la floraison parce que je l’ai octroyée à un anniversaire alors que j’abhorre tout ce qui enflamme les occasions. Et dans l’accomplissement que j’ai voulu vous faire partager, je n’ai qu’un anniversaire très prétextuel. Je n’ai dedans mon évidence, comme vous diriez, pas d’anniversaire du tout… comme tout être raisonnable. Je suis morte avant mon devenir. Je n’ai vraiment personne, je n’ai que vos mortels bruits vitaux que j’abomine depuis toujours et que je dois nécessairement haïr… à ma fin réellement effective.

Herrmann pousse un sanglot.

[…]

mardi 6 novembre 2007

Mathilde (797) vs Antoine (332)

jeudi 1 novembre 2007

[...] le quotidien terne en bris de glace ne reflète rien.

Haussements des deux épaules et doigts dans l'oeil jusqu'à l'aveugle

demain ça ira bien

et

la sagesse populaire

c'est

rira bien qui rira le dernier

etc...

En chien de faïence […]