lundi 29 septembre 2008

Une ambiance du tonnerre.

mardi 23 septembre 2008

Synapse contre synapse et activité neuronale en berne et impulsions électriques alternatives. Réaction mécanique. Révolution inefficace. Tour complet, retour point de départ. Sans éclipse. Ni aube, ni crépuscule. Impulsion stoppée nette. Uppercut, coup droit dans les cotes flottantes. Coup dans les reins. Garde baissée. Collision sur l’arcade gauche et la vue s’englue, se brouille. Reculer. Au bord du ring les coudes serrés contre les flancs. La tête embusquée dans les poings, compter les secondes. Tenir. Dix secondes et la cloche. Ne pas mettre un genou. Cinq secondes encore sous. Les jambes fléchissent. Œil mi-clos. Tuméfié. Gonflé. Arcade explosée. Cloche. Assis dans le coin. Souffler. Cracher. Du sang. Se rincer. Le goût amer. Salé. Sang. Sueur. Mordre le protège-dents et. Cloche. Pousser vers le milieu du ring et regard assassin de l’adversaire. Coups. Tête contre tête, sueurs et dans les reins. Embrassade violente. Séparation. Recul. Reprendre du souffle. Le jeu de jambes. Garder le rythme. Tourner, chercher une ouverture. Tourner. Encore. Ne pas. Ne pas mettre genou à terre. Tourner. Tenter. Esquiver. Avancer. Ne pas rester à portée de. Reculer. Trembler dans les gants. Ne pas perdre aux points. Aux poings. Durer. Encaisser. Gauche contre mâchoire droite, tremblements temporaux. Plexus solaire contre le poing droit. Se couvrir. Parer le nouvel uppercut, épaules rentrées. Coups sur la tête. Cervicales malmenées. Douleurs. Se relever. Regards. Hésitation fatale. Cloche.

Les deux étaient accrochés au comptoir, à quelques pas de la table que nous occupons. Les crânes rasés de frais, les plis des uniformes impeccables, les képis blancs et posés sur la surface au métal chromé, brillant, encadraient les deux pintes aux niveaux bas mais à peu près égaux. De retour des toilettes après deux bières et une litanie de propos sans suite tout à fait mais qu’elle écoutait avec une docilité effarante, je surpris leur conversation. L’un affirmait que là-bas d’ailleurs on se caillait à chier des briques quand l’autre annonçait qu’il s’en allait parachuter un Congolais. La métaphore militaire est bourrée. De surprises. […]

vendredi 19 septembre 2008

Le mot bouse est entendu à chaque coin de rue. Depuis peu. Quatre fois déjà cette semaine.

BOUSE, subst. fém.

Excrément des bovins. L'on entendit le bruit doux et rythmique des bouses étalées (Zola, La Terre, 1887, p. 76).

P. métaph. :

1. J'entends : « Cloc... cloc... cloc » Je me rappelle ce vers de jeunesse de Costals : les baisers des amants sont des bouses qui tombent. La ressemblance ne m'avait jamais frappé.
Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1232.

Arg. milit. (aviat.). Expr. Atterrir comme une bouse :

2. Atterrir en épatant lourdement l'appareil, esc. S-132, juin 18. − Image prise directement de la bouse qu'une vache flaque à terre, ...
Esn. Poilu 1919, p. 109.

PRONONC. ET ORTH. : [bu:z]. La majorité des dict. enregistre uniquement bouse. Cependant Ac. 1798 admet bouse ou bouze. Cf. aussi Gattel 1841, Land. 1834 et Fér. Crit. t. 1 1787 qui écrit boûse ou boûze en indiquant que bouse est le plus en usage.

Le terme est choisi comme synonyme de nul, mauvais, ou simplement sans intérêt.

Alors que.

bouse : bousage, bousin, excrément, fiente, merde.

Le mésusage du terme bouse, champêtre à souhait, est probablement foutrement parisien.


De même façon, l'usage éhonté du terme séquence est hype total.

Quand séquence (découpage, hymne, programme, prose, scène, série, suite) est utilisé pour dire période. Tout à l'heure encore à la radio (15:30).


vendredi 12 septembre 2008

Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. M

Sur le bord du lit et adossé au mur couleur nicotine. Elle gît là. Le drap rejeté sur les hanches laisse voir ses épaules, ses seins, son ventre et un peu de son pubis. Sa peau blanche contraste avec la noirceur de ses cheveux longs. Elle fume une Winston for winners les yeux clos et respire doucement et dans un nuage de fumée et me demande à quoi je pense. À rien. Je me demande ce qu’il restera, une fois que nous ne serons séparés. À rien, rien de particulier. Elle entrouvre les yeux, s’appuie d’une main soulève un peu la tête et vérifie sur mon visage l’affirmation, elle insiste un peu. Comment ça, rien ? Il restera quoi ? Un souvenir diffus, des instants fugaces. Je ferai des amalgames et mélangerai les situations et les lieux. J’oublierai. Je reconstruirai. À la toute fin, rien. Ne pas faire confiance à sa mémoire. Je me demande juste si je veux du café. Tu veux un café ? Elle acquiesce et recouvre son corps nu. Elle veut bien. Je m’exécute et fais du café. Avec la cafetière italienne en acier. Avec une certaine mélancolie. Des rognures d’ongles sont crachées dans le bac de l’évier et j’attends que l’eau chauffe, circule dans la machine, s’imprègne du café moulu avant de remplir le récipient chromé. Qu’est-ce que tu fais ? Dit-elle. Je refuse d’avouer que je comptais les faïences autour du bac de l’évier. J’arrive. Non ; je m’en vais, ou je m’en va, les deux se dit. Ou se disent. Comme l’affirmait le grammairien sur son lit de mort. Et verse le café dans les deux tasses.

Elle jouait de ses longs cheveux clairs. Très. Un large et franc sourire éclairait son visage. Ses yeux brillaient mille feux. Elle ramenait ses bras dénudés vers l’arrière de son crâne et se saisissait du ruban enserrant sa chevelure, elle le faisait glisser d’un geste sûr et lent ; la tête imperceptiblement penchée sur l’un ou l’autre côté. Elle laissait ensuite le cordon élastique tomber à ses pieds, sans façon, sans se départir de son admirable sourire. Elle ne me regardait pas. Non. Ses yeux étaient au-delà de moi, à travers moi. Elle s’asseyait sur le bord du lit, glissait une main le long de son mollet et poussait avec délicatesse sa chaussure, extrayait d’abord son talon puis le reste de son pied sans que sa cheville n’esquisse le moindre mouvement. Le soulier s’écroulait, roulait sur le sol de la chambre et sous le lit. Elle répétait de l’autre main le mouvement et libérait son second pied. Basculait ensuite sur le lit, relevait les jambes, et, parallèles, les genoux repliés, les allongeait et s’appuyait d’une main à plat sur le matelas, le bassin en avant. Toujours cambrée. Puis elle penchait la tête, offrait un autre sourire, une proposition, une invitation. Ses yeux plissés créaient de jolies stries autour de ses yeux, de sa bouche fine. Viens, disait-elle. J’écrasais une Winston for winners et m’approchais timide, les mains tremblantes et le cœur cognant trop fort. À quelques centimètres de son corps elle se saisissait de mon poignet qu’avec violence je tordais.

Elle colle les deux feuilles ensemble, disperse du tabac, coupe un bout de Winston for winners et confectionne un filtre marocain puis saupoudre le tout d’herbe ; les couleurs, le vert et le marron se mélangent se confondent et ils forment une jolie mixture que je fais rouler entre mes doigts. J’allume le joint, aspire quelques bouffées et en savoure le goût agréable ; puis je le lui tends et referme l’écrin de plastique, un cylindre noir, le boîtier d’un film photographique. Nous nous passons le joint de marijuana et échangeons quelques propos idiots, sourions ; c’est certainement l’effet du tetrahydrocannabinol de l’herbe. Ensuite nous faisons l’amour ; elle malaxe mon sexe, m’embrasse, caresse mon torse, colle son pelvis à ma cuisse et je pétris ses fesses musclées etc. Elle me flatte et trouve ça chouette ; moi non. Je suis plus ou moins absent. J’espérais un peu que le joint m’aiderait à apprécier le frotti-frotta ; que nenni. Nib. Je roule un second joint et cherche à comprendre. Ce que je sais déjà. Ce que je savais, au fond, avant qu’elle ne décide de me rejoindre. Nous parlons encore. Confidences crétines sur le creux de l’oreiller, le compte des cicatrices sur nos corps encore jeunes et minces, des choses comme ça. Les draps respirent la sueur, le stupre et le parfum dont elle abuse, âcre et sucrée ; je n’écoute plus ce qu’elle me dit. Plus tard, elle revient vers moi, colle à nouveau son corps au mien, je ne tiens plus et décide alors de l’envoyer se faire foutre.
Quotidien en bris de glace – autocitation facile.
Je suis tellement content pour vous.
Cela me fait plaisir pour vous.
Autre phrase.
Carambolages de mots divers écrasés contre la barrière de sécurité enfoncée.
Tôles froissées dans un silence d’acier.
Flashs colorés de secours invisibles.
Sirènes superbes et sourires carnassiers.
En fait, tu me fais rire.

jeudi 11 septembre 2008




Maxime Du Camp, Mémoires d'un suicidé.

mardi 2 septembre 2008

Dans la chambre la poubelle au sol à la gauche de la petite table est remplie de feuilles froissées. Elles s’entassent. Elles s’empilent. Elles s’imbriquent mal les unes aux autres, les quelques lignes colorées qui apparaissent encore dans le bac grillagé, gris, sont un arc-en-ciel. C’est la fête, dans la corbeille à papier. Qui alors ne reflète pas exactement l’état d’esprit de. À moins de souhaiter s’entrainer à une quelconque variante de basket-ball. Viser la corbeille à papier. Ce qui n’est pas tout à fait. Rester des heures le corps voûté sur la machine, ou les pages imprimées ; des caractères frappés sur le clavier ne résonne pas tout à fait la symphonie souhaitée. Les couleurs fluorescentes et moches étalées sur les lignes de mots ne produisent ni chaleur ni bonheur. Non. Les consommations de tabac et d’alcool sont augmentées. Truisme. Le cendrier lui aussi à gauche se remplit des mégots de Winston for winners et les taches circulaires des verres sur le bois du bureau. La petite radio postée en retrait de la table, en équilibre précaire sur une petite pile de dictionnaires aux tranches orange et verte diffuse de la musique il faut remplir l’espace. Occuper les mètres carrés de la chambre froide et trop silencieuse. Ne pas s’entendre respirer. Collections « les Usuels » – Orthographe et expression écrite, Synonymes et contraires – les dictionnaires sont plus utiles à surélever le poste de radio que la qualité du texte bariolé sur lequel il est nécessaire de s’acharner.
Les photographies très officielles de l’armée afghane des années 1980 montrent de beaux hommes aux barbes belles et tout aussi réglementaires que leurs uniformes vert olive terne et tout à fait armés de PPSh-41. L’arme est un pistolet-mitrailleur conçu par l’ingénieur Chpaguine. Elle fut largement utilisée lors de la Grande Guerre patriotique ; le néophyte la reconnaît à son caractéristique chargeur « camembert » qui la fait ressembler au « Chicago Typewriter », autre nom du « Tommy-gun » américain, créé dans les années 1920. Pour l’anecdote, l’ingénieur Chpaguine devait mourir quelques semaines seulement avant l’Homme que nous aimons le plus, le grand Staline « présent pour demain et [qui] dissipe aujourd’hui le malheur » comme le dit si justement Eluard. Il faut croire que l’Armée rouge, qui produisit six millions de PPSh-41, possédait encore un foutu stock à refourguer. Pourtant, malgré l’avènement d’un autre fleuron de l’industrie militaire, le fameux AK-47, l’Union soviétique parvint à joliment recycler le beau PPSh-41, lui aussi foutrement copié. Nombreux furent friands de ses petites mignardises : la République populaire démocratique de Corée, le Vietnam et d’autres dansèrent au rythme de sa petite musique. Les photographies des beaux militaires afghans équipés par les Soviétiques, de beaux blondinets aux pommettes saillantes dotés des réglementaires AK-47, montrent une franche camaraderie et le cœur à l’ouvrage en avant pour la victoire du socialisme sur la barbarie.