jeudi 21 février 2008

« [...] Je vais mourir. Les hommes vivent. Je crois en eux. Leur aventure ne prendra fin qu'avec l'aventure de la terre, et, la terre morte, continuera peut-être ailleurs. [...] Quiconque participe avec confiance à l'aventure des hommes a sa part d'immortalité. »
Élie Faure, l'Histoire de l'art -
H. Miller aussi dit que
mais
les
croyances...

jeudi 14 février 2008


Susan Silton By power of suggestion, which in favorable circumstances becomes instruction, #1, 2006

mardi 12 février 2008

Il parvient enfin devant la porte, sonne. C’est une vieille bâtisse, des pans de plâtre sont arrachés ça et là et des traces de peinture ocre et jaune subsistent.
Personne ne répond. Le bouton en émail blanc est pressé une seconde fois, plus longtemps. La rue autour est enserrée par une brume épaisse, sombre mais laiteuse.

La porte s'ouvre et dans l'embrasure se tient un homme. Gros, râblé. Sa voix est épaisse et lourde. Il racle sa gorge.
Quoi, dit-il, c'est pourquoi. D'un geste rapide de la main, il dégage de son front les quelques mèches de cheveux collées par la sueur. L'homme, il ne le connaît pas. Il cherche Mathilde. Il explique à l'homme qui lui barre le passage qu'il souhaite entrer et voir Mathilde. Mais. Mathilde, l'homme, il ne sait pas. Mathilde est partie. Il pose des questions à l'homme. Mathilde est partie. Une adresse, un numéro de téléphone peut-être ; quelque chose enfin. Une trace. On ne peut pas disparaître comme ça. Mathilde est partie. Mathilde ne peut pas s'évanouir dans la nature, comme ça. Disparaître ici. La rue de l'Ermitage dans laquelle il est, devant le numéro soixante-sept, est la dernière adresse connue. Ensuite, Mathilde, sa trace s'évanouit.
La rue de l'Ermitage, elle effectue un coude au niveau de la rue des Pyrénées ; elle dévale la rue Olivier Métra et plonge rue de Ménilmontant. Dans cette portion de la rue de l'Ermitage, les herbes poussent dans les interstices des pavés mal scellés. A l'angle des rues de l'Ermitage et des Rigoles, il se souvient des images perdues. L'odeur de ses cheveux ; l'odeur des cheveux de Mathilde évanouie. L'odeur échappée dans le caniveau le long du bâtiment des bains-douches publics.

Alors vous ne savez vraiment pas ?
L'homme insiste ; un peu.
Elle quittait la ville et son nom. Mathilde, elle s'inventait une autre vie, dans une autre ville. Plus heureuse ; peut-être.