jeudi 18 décembre 2008

De Cork (Victoria road) à Puerto del Carmen (Gardafia) sont environ 4130 kilomètres et une vie nouvelle.

Rouge, dit-il.

Oui-da.

De Puerto del Carmen (Gardafia) à Civitavecchia sont un transit par Madrid et Barcelone.

La couleur, il ne la dit pas.

Il dit

Estoy buscando una puerta.

samedi 13 décembre 2008

Tu seras aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse, sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force. Dit Cesare Pavese.

(08:03) Le démarrage. Rue encombrée et le froid. Le jour est bleu et la lumière froide. La première cigarette écrasée devant le kiosque à journaux. Nous faisons la queue. Le Figaro, le Monde, Libération, la Croix, Actualités Juives, le Point, le Nouvel Obs etc. je regarde chacun des acheteurs ne me trouve aucune ressemblance. Même celui qui achète Libération je ne. Je choisis mon exemplaire dans la pile ; le troisième. Je paie. Je regarde le journal. La Grèce à la Une, tout feu tout flamme et désespérée. Je quitte le kiosque et déboule sur le quai de la station. À peine le temps d’effeuiller le journal qu’il faut déjà monter dans la rame en gare. Quelques stations plus tard et le froid est plus vif, brumeux. Le quotidien dans la manche gauche de la veste en cuir dont les boutons encore une fois se décousent – cette veste, les boutons de, cela devient une habitude depuis quelques hivers, recoudre les boutons – et filer vers le centre commercial qui est le seul lieu où boire un café. C’est ton anniversaire aujourd’hui, le café, il est offert. Tu as quel âge maintenant ? Vingt et un ou trente et un ? Moi j’ai trente-cinq et etc. Il fait plus vieux que son âge et moi je ne sais pas. Le café offert est apprécié mais (08:57) il me faut me dépêcher un peu. Sur le reste du chemin je zigzague entre des pigeons morts et des œufs blancs explosés sur le bitume noir. Les œufs cassés sur la chaussée, ici, va savoir, c’est un peu le sport local. C’est con, très, et ça cadre avec les lieux.

mercredi 10 décembre 2008

De Cork (Victoria road) à Puerto del Carmen (Gardafia) sont environ 4130 kilomètres et une vie nouvelle.

Rouge, dit-il.

Oui-da.

samedi 29 novembre 2008

On a une confiance illimitée en la vie. Tant qu'on ne tombe pas gravement malade, on croit que cela n'arrivera pas. Qu'on ne tombera pas malade. Qu'on ne mourra pas. Plus exactement, tout en sachant que cela forcément arrivera, on ne peut pas se projeter dans cette certitude. On ignore, avec une facilité déconcertante, la certitude de la mort.
La maladie de A. te renvoie à ce que tu pourrais devenir si le temps continuait sur toi à faire son œuvre. La maladie de A. est une image possible bien qu'exacerbée de la vieillesse, plus exactement de la tienne.
Tu n'aimes pas voir les malades de A.
tu n'aimes pas les voir marcher
les voir trébucher
les voir balbutier
les voir baver
les voir mâcher ou s'asseoir ou se tenir ou s'évertuer
parce qu'à travers eux c'est toi que tu vois
c'est toi que tu vois décliner
et mourir.

Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p.80-81. Éditions Verticales, ISBN 978.2.07.078531.5 16,50 €

Je remarque non sans une certaine déception que les livres des éditions Verticales ne sont labellisés Imprim'vert mais constate à la lecture de ces pages comme des précédentes ou des suivantes que je suis un lecteur heureux.

Pourtant

Je croyais que tu ne voulais pas ce
Oui

Le jour était gris et lent et difficile dans les recoins mais



vendredi 7 novembre 2008

mercredi 5 novembre 2008

L’instant perpendiculaire, la station debout et toi allongée dans le lit. Toi nue dans le lit avec ton corps recouvert par la couverture et moi très habillé avec les chaussures lacées et presque je suis parti déjà. Je t’embrasse. Je caresse ton visage, ma main sur ta tête, ta joue, je te respire ; tu sens la nuit, le calme du sommeil. Tu sens bon. Je m’éloigne et tu demandes de t’embrasser encore. Si je veux bien, moi debout dans la pièce avec mes chaussures, t’embrasser encore. Je t’aime vraiment bien, dis-tu.

mardi 14 octobre 2008

Hippo :
Alors quoi de neuf ?
L'Homme de l'Huma :
Le patronat exploite les salariés,
le capital produit de la plus-value,
et le prolétariat se paupérise...
Rien de neuf...
Eric Rochant, Un monde sans pitié

lundi 29 septembre 2008

Une ambiance du tonnerre.

mardi 23 septembre 2008

Synapse contre synapse et activité neuronale en berne et impulsions électriques alternatives. Réaction mécanique. Révolution inefficace. Tour complet, retour point de départ. Sans éclipse. Ni aube, ni crépuscule. Impulsion stoppée nette. Uppercut, coup droit dans les cotes flottantes. Coup dans les reins. Garde baissée. Collision sur l’arcade gauche et la vue s’englue, se brouille. Reculer. Au bord du ring les coudes serrés contre les flancs. La tête embusquée dans les poings, compter les secondes. Tenir. Dix secondes et la cloche. Ne pas mettre un genou. Cinq secondes encore sous. Les jambes fléchissent. Œil mi-clos. Tuméfié. Gonflé. Arcade explosée. Cloche. Assis dans le coin. Souffler. Cracher. Du sang. Se rincer. Le goût amer. Salé. Sang. Sueur. Mordre le protège-dents et. Cloche. Pousser vers le milieu du ring et regard assassin de l’adversaire. Coups. Tête contre tête, sueurs et dans les reins. Embrassade violente. Séparation. Recul. Reprendre du souffle. Le jeu de jambes. Garder le rythme. Tourner, chercher une ouverture. Tourner. Encore. Ne pas. Ne pas mettre genou à terre. Tourner. Tenter. Esquiver. Avancer. Ne pas rester à portée de. Reculer. Trembler dans les gants. Ne pas perdre aux points. Aux poings. Durer. Encaisser. Gauche contre mâchoire droite, tremblements temporaux. Plexus solaire contre le poing droit. Se couvrir. Parer le nouvel uppercut, épaules rentrées. Coups sur la tête. Cervicales malmenées. Douleurs. Se relever. Regards. Hésitation fatale. Cloche.

Les deux étaient accrochés au comptoir, à quelques pas de la table que nous occupons. Les crânes rasés de frais, les plis des uniformes impeccables, les képis blancs et posés sur la surface au métal chromé, brillant, encadraient les deux pintes aux niveaux bas mais à peu près égaux. De retour des toilettes après deux bières et une litanie de propos sans suite tout à fait mais qu’elle écoutait avec une docilité effarante, je surpris leur conversation. L’un affirmait que là-bas d’ailleurs on se caillait à chier des briques quand l’autre annonçait qu’il s’en allait parachuter un Congolais. La métaphore militaire est bourrée. De surprises. […]

vendredi 19 septembre 2008

Le mot bouse est entendu à chaque coin de rue. Depuis peu. Quatre fois déjà cette semaine.

BOUSE, subst. fém.

Excrément des bovins. L'on entendit le bruit doux et rythmique des bouses étalées (Zola, La Terre, 1887, p. 76).

P. métaph. :

1. J'entends : « Cloc... cloc... cloc » Je me rappelle ce vers de jeunesse de Costals : les baisers des amants sont des bouses qui tombent. La ressemblance ne m'avait jamais frappé.
Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1232.

Arg. milit. (aviat.). Expr. Atterrir comme une bouse :

2. Atterrir en épatant lourdement l'appareil, esc. S-132, juin 18. − Image prise directement de la bouse qu'une vache flaque à terre, ...
Esn. Poilu 1919, p. 109.

PRONONC. ET ORTH. : [bu:z]. La majorité des dict. enregistre uniquement bouse. Cependant Ac. 1798 admet bouse ou bouze. Cf. aussi Gattel 1841, Land. 1834 et Fér. Crit. t. 1 1787 qui écrit boûse ou boûze en indiquant que bouse est le plus en usage.

Le terme est choisi comme synonyme de nul, mauvais, ou simplement sans intérêt.

Alors que.

bouse : bousage, bousin, excrément, fiente, merde.

Le mésusage du terme bouse, champêtre à souhait, est probablement foutrement parisien.


De même façon, l'usage éhonté du terme séquence est hype total.

Quand séquence (découpage, hymne, programme, prose, scène, série, suite) est utilisé pour dire période. Tout à l'heure encore à la radio (15:30).


vendredi 12 septembre 2008

Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. Memento mori. M

Sur le bord du lit et adossé au mur couleur nicotine. Elle gît là. Le drap rejeté sur les hanches laisse voir ses épaules, ses seins, son ventre et un peu de son pubis. Sa peau blanche contraste avec la noirceur de ses cheveux longs. Elle fume une Winston for winners les yeux clos et respire doucement et dans un nuage de fumée et me demande à quoi je pense. À rien. Je me demande ce qu’il restera, une fois que nous ne serons séparés. À rien, rien de particulier. Elle entrouvre les yeux, s’appuie d’une main soulève un peu la tête et vérifie sur mon visage l’affirmation, elle insiste un peu. Comment ça, rien ? Il restera quoi ? Un souvenir diffus, des instants fugaces. Je ferai des amalgames et mélangerai les situations et les lieux. J’oublierai. Je reconstruirai. À la toute fin, rien. Ne pas faire confiance à sa mémoire. Je me demande juste si je veux du café. Tu veux un café ? Elle acquiesce et recouvre son corps nu. Elle veut bien. Je m’exécute et fais du café. Avec la cafetière italienne en acier. Avec une certaine mélancolie. Des rognures d’ongles sont crachées dans le bac de l’évier et j’attends que l’eau chauffe, circule dans la machine, s’imprègne du café moulu avant de remplir le récipient chromé. Qu’est-ce que tu fais ? Dit-elle. Je refuse d’avouer que je comptais les faïences autour du bac de l’évier. J’arrive. Non ; je m’en vais, ou je m’en va, les deux se dit. Ou se disent. Comme l’affirmait le grammairien sur son lit de mort. Et verse le café dans les deux tasses.

Elle jouait de ses longs cheveux clairs. Très. Un large et franc sourire éclairait son visage. Ses yeux brillaient mille feux. Elle ramenait ses bras dénudés vers l’arrière de son crâne et se saisissait du ruban enserrant sa chevelure, elle le faisait glisser d’un geste sûr et lent ; la tête imperceptiblement penchée sur l’un ou l’autre côté. Elle laissait ensuite le cordon élastique tomber à ses pieds, sans façon, sans se départir de son admirable sourire. Elle ne me regardait pas. Non. Ses yeux étaient au-delà de moi, à travers moi. Elle s’asseyait sur le bord du lit, glissait une main le long de son mollet et poussait avec délicatesse sa chaussure, extrayait d’abord son talon puis le reste de son pied sans que sa cheville n’esquisse le moindre mouvement. Le soulier s’écroulait, roulait sur le sol de la chambre et sous le lit. Elle répétait de l’autre main le mouvement et libérait son second pied. Basculait ensuite sur le lit, relevait les jambes, et, parallèles, les genoux repliés, les allongeait et s’appuyait d’une main à plat sur le matelas, le bassin en avant. Toujours cambrée. Puis elle penchait la tête, offrait un autre sourire, une proposition, une invitation. Ses yeux plissés créaient de jolies stries autour de ses yeux, de sa bouche fine. Viens, disait-elle. J’écrasais une Winston for winners et m’approchais timide, les mains tremblantes et le cœur cognant trop fort. À quelques centimètres de son corps elle se saisissait de mon poignet qu’avec violence je tordais.

Elle colle les deux feuilles ensemble, disperse du tabac, coupe un bout de Winston for winners et confectionne un filtre marocain puis saupoudre le tout d’herbe ; les couleurs, le vert et le marron se mélangent se confondent et ils forment une jolie mixture que je fais rouler entre mes doigts. J’allume le joint, aspire quelques bouffées et en savoure le goût agréable ; puis je le lui tends et referme l’écrin de plastique, un cylindre noir, le boîtier d’un film photographique. Nous nous passons le joint de marijuana et échangeons quelques propos idiots, sourions ; c’est certainement l’effet du tetrahydrocannabinol de l’herbe. Ensuite nous faisons l’amour ; elle malaxe mon sexe, m’embrasse, caresse mon torse, colle son pelvis à ma cuisse et je pétris ses fesses musclées etc. Elle me flatte et trouve ça chouette ; moi non. Je suis plus ou moins absent. J’espérais un peu que le joint m’aiderait à apprécier le frotti-frotta ; que nenni. Nib. Je roule un second joint et cherche à comprendre. Ce que je sais déjà. Ce que je savais, au fond, avant qu’elle ne décide de me rejoindre. Nous parlons encore. Confidences crétines sur le creux de l’oreiller, le compte des cicatrices sur nos corps encore jeunes et minces, des choses comme ça. Les draps respirent la sueur, le stupre et le parfum dont elle abuse, âcre et sucrée ; je n’écoute plus ce qu’elle me dit. Plus tard, elle revient vers moi, colle à nouveau son corps au mien, je ne tiens plus et décide alors de l’envoyer se faire foutre.
Quotidien en bris de glace – autocitation facile.
Je suis tellement content pour vous.
Cela me fait plaisir pour vous.
Autre phrase.
Carambolages de mots divers écrasés contre la barrière de sécurité enfoncée.
Tôles froissées dans un silence d’acier.
Flashs colorés de secours invisibles.
Sirènes superbes et sourires carnassiers.
En fait, tu me fais rire.

jeudi 11 septembre 2008




Maxime Du Camp, Mémoires d'un suicidé.

mardi 2 septembre 2008

Dans la chambre la poubelle au sol à la gauche de la petite table est remplie de feuilles froissées. Elles s’entassent. Elles s’empilent. Elles s’imbriquent mal les unes aux autres, les quelques lignes colorées qui apparaissent encore dans le bac grillagé, gris, sont un arc-en-ciel. C’est la fête, dans la corbeille à papier. Qui alors ne reflète pas exactement l’état d’esprit de. À moins de souhaiter s’entrainer à une quelconque variante de basket-ball. Viser la corbeille à papier. Ce qui n’est pas tout à fait. Rester des heures le corps voûté sur la machine, ou les pages imprimées ; des caractères frappés sur le clavier ne résonne pas tout à fait la symphonie souhaitée. Les couleurs fluorescentes et moches étalées sur les lignes de mots ne produisent ni chaleur ni bonheur. Non. Les consommations de tabac et d’alcool sont augmentées. Truisme. Le cendrier lui aussi à gauche se remplit des mégots de Winston for winners et les taches circulaires des verres sur le bois du bureau. La petite radio postée en retrait de la table, en équilibre précaire sur une petite pile de dictionnaires aux tranches orange et verte diffuse de la musique il faut remplir l’espace. Occuper les mètres carrés de la chambre froide et trop silencieuse. Ne pas s’entendre respirer. Collections « les Usuels » – Orthographe et expression écrite, Synonymes et contraires – les dictionnaires sont plus utiles à surélever le poste de radio que la qualité du texte bariolé sur lequel il est nécessaire de s’acharner.
Les photographies très officielles de l’armée afghane des années 1980 montrent de beaux hommes aux barbes belles et tout aussi réglementaires que leurs uniformes vert olive terne et tout à fait armés de PPSh-41. L’arme est un pistolet-mitrailleur conçu par l’ingénieur Chpaguine. Elle fut largement utilisée lors de la Grande Guerre patriotique ; le néophyte la reconnaît à son caractéristique chargeur « camembert » qui la fait ressembler au « Chicago Typewriter », autre nom du « Tommy-gun » américain, créé dans les années 1920. Pour l’anecdote, l’ingénieur Chpaguine devait mourir quelques semaines seulement avant l’Homme que nous aimons le plus, le grand Staline « présent pour demain et [qui] dissipe aujourd’hui le malheur » comme le dit si justement Eluard. Il faut croire que l’Armée rouge, qui produisit six millions de PPSh-41, possédait encore un foutu stock à refourguer. Pourtant, malgré l’avènement d’un autre fleuron de l’industrie militaire, le fameux AK-47, l’Union soviétique parvint à joliment recycler le beau PPSh-41, lui aussi foutrement copié. Nombreux furent friands de ses petites mignardises : la République populaire démocratique de Corée, le Vietnam et d’autres dansèrent au rythme de sa petite musique. Les photographies des beaux militaires afghans équipés par les Soviétiques, de beaux blondinets aux pommettes saillantes dotés des réglementaires AK-47, montrent une franche camaraderie et le cœur à l’ouvrage en avant pour la victoire du socialisme sur la barbarie.

mercredi 27 août 2008

Article 1

Légionnaire, tu es un volontaire servant la France avec honneur et fidélité.

Article 2

Chaque légionnaire est ton frère d'arme quelle que soit sa nationalité, sa race, sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille.

Article 3

Respectueux des traditions, attaché à tes chefs, la discipline et la camaraderie sont ta force, le courage et la loyauté tes vertus.

Article 4

Fier de ton état de légionnaire, tu le montres dans ta tenue toujours élégante, ton comportement toujours digne mais modeste, ton casernement toujours net.

Article 5

Soldat d'élite, tu t'entraînes avec rigueur, tu entretiens ton arme comme ton bien le plus précieux, tu as le souci constant de ta forme physique.

Article 6

La mission est sacrée, tu l'exécutes jusqu'au bout et si besoin, en opérations, au péril de ta vie.

Article 7

Au combat, tu agis sans passion et sans haine, tu respectes les ennemis vaincus, tu n'abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes.

L’idée La volonté de disparaître
Et
La Légion en point de mire
Ou
Une façon de faire face à l’acrimonie
Avec
De doux rêves idiots

lundi 25 août 2008

La fatigue permet de dormir dans du plomb gris brillant froid et confortable.

vendredi 22 août 2008

Nos deux odeurs mélangées (20:05) devant les bornes des cycles en libre-service sur la place. A bientôt.

mardi 19 août 2008

Je frotte la lumière contre mon œil et je
un certain jour la douleur
[...]
déjà disloqué
(11:32)
Le beau miroir noir sans reflet ni train.
Une cigarette à l’extérieur et je n’écoute pas tout à fait les paroles prononcées. Ni les autres. Le courriel demande pourquoi un point d’interrogation. Le courrier dit : Pourquoi ça, ?
Et bien
(13:00)
¿ Vamos a comer ? Mais ne parlons pas.
Le café n’est pas bon. Une amande enrobée de chocolat dans la poche. Le café est 1,80 €. Le café est cher.
(14:34) En Chine. République populaire de. Et la propagande afférente. Aucune nouvelle du Tigre vert depuis plus d’une année maintenant. Ni des uns ni des autres. (15:47) Une cigarette et
Depuis quelques jours les choses se précisent sacrément. Je crois que c’est parti. Presque. Chouette, il faudra à nouveau être debout à 05:30 le matin. Avec un café et la fin de la nuit dans la fenêtre. Un bonheur bête. N’est-ce pas.

lundi 18 août 2008

synonyme : adéquat, à peu près, approchant, équivalent, pareil, remplaçant, similaire, substitut.

jeudi 14 août 2008

Califourchonner est un verbe rare et pittoresque. (16:11)
Les nuages gris et blancs de formes différentes traversent le ciel de part en part et dans tous les sens. Les arbres qui bordent la butte de la voie de chemin de fer ploient dans un sens et se déplient de l'autre ; ils perdent des feuilles, elles virevoltent sur le sol au macadam déchiqueté.
(17:43) La lumière devient sombre.
Lire les dictionnaires est une activité dans laquelle il est agréable de se noyer.
Désormais, on parlera d'Antoine plus que de Mathilde.

mercredi 30 juillet 2008

(23:32) Ou quelque chose comme ça
C’est
Par terre tout à fait
Les partie de ping-pong – 21-19, 25-23 ; 19-21, 21-18, 21-19 – dans le square habituel
et
il n’est pas besoin de parler
Quelques jolis coups
et
aucun
de nous ne roulait sous la table
ni
n’écrasait sa raquette sur la tête
de
l’un
ou
l’autre
des enfants
Les insensés vivent sans jouir de ce qu’offre la vie

Perforer un corps avec le tube d’un néon
n’est pas
un rêve récurrent
Serait de faire autrement
Parfois

lundi 28 juillet 2008

Toujours, elle commence par dénouer ses longs cheveux clairs. Un large et franc sourire éclaire son visage, ses yeux brillent mille feux. Elle ramène ses bras dénudés vers l’arrière de son crâne, se saisit du ruban qui maintient sa chevelure et le fait-elle glisser d’un geste sûr et lent, la tête imperceptiblement penchée sur l’un ou l’autre côté ; elle laisse ensuite le ruban élastique tomber à ses pieds, sans façon, sans se départir de son admirable sourire. Elle ne me regarde pas, non. Ses yeux sont au-delà de moi, à travers moi. Elle s’assoit sur le bord du lit, glisse une main le long de son mollet et pousse avec délicatesse sur sa chaussure, extraie d’abord son talon puis le reste de son pied sans que sa cheville n’esquisse le moindre mouvement, qui s’écroule, roule sur le sol de la chambre. Elle répète de son autre main le même mouvement et libère son second pied ; elle bascule sur le lit, relève les jambes, et, parallèles, les genoux repliés, les allonge sur le lit et s’appuie d’une main à plat sur le lit, le bassin en avant, cambrée. Puis elle penche la tête, offre un autre sourire, une proposition, une invitation. Ses yeux se plissent, créent de jolies stries autour de ses yeux et de sa bouche fine. Viens, dit-elle. Je m’approche, timide, à pas mesurés, les mains tremblantes et le cœur cognant fort. À quelques centimètres de son corps, elle se saisit de mon poignet, m’attire vers elle, me contraint à me pencher vers son cou tendu, son torse, le corps tout entier en avant, vers moi ; elle m’embrasse. Nos lèvres s’effleurent, se cherchent, se caressent ; puis nos deux bouches accolées s’ouvrent, offrent un étroit passage à nos langues chaudes et avides l’une de l’autre. Sa main agrippée à mon poignet glisse le long de mon bras jusqu’à mon épaule, elle encercle mon corps, accentue la pression de ses lèvres contre les miennes, corps à corps nous roulons sur le lit. Ses doigts défont un à un les boutons de ma chemise, parcourent mon torse tandis que je respire son visage, son cou.

dimanche 27 juillet 2008

Hélène Bessette dit : « Et je trouve qu’il y a deux sortes de littérature : il y a la littérature-littérature, et la littérature-lecture. Il me semble qu’une littérature – et j’ai vu lire dans les campagnes, que je connais aussi beaucoup –, une littérature aussi horrible, qui emporte toutes sortes de succès financiers, fait de l’homme qui la lit ou qui ne la lit pas d’ailleurs – ces gens-là ne lisent pas, ils prennent un mot de temps et temps, ils ne savent même pas ce qu’il sont en train de faire, quand ils lisent : c’est une espèce de demi-somnolence, de demi-rêve, qui est guidé de temps en temps par un mot qui frappe l’esprit. Donc j’en reviens pour dire qu’il y a trois littératures : la littérature de toujours qui a droite aux anthologies et aux dictionnaires littéraires, la littérature-lecture dont on a évidemment besoin dans ce monde où tout le monde lit, et la littérature regrettable, contre laquelle on ne peut rien parce qu’elle représente maintenant une puissance d’argent en même temps qu’une puissance d’abêtissement. Et puis ce qui est intéressant n’est jamais très commercial. »

mardi 22 juillet 2008

Avec sa voix dans la bouche (07:37) et la nuit les odeurs. Une cigarette dans une main et le téléphone de l'autre.

Tu n'es pas là mais allongée dans un pré vert, au centre d'une flaque de soleil (17:50).

Sous terre l'homme face à moi dans la rame du métropolitain s'est endormi.

La journée s'écroulait sans encombre.

Les jours.

Il dit quelque chose comme c'est intéressant comme pays ? Il répond que oui.

Ailleurs, autrement, la féérie pourrait. Avec la vaisselle repassée et le bortsch rouge. Et l'aneth fraiche. Elle pousserait sur le balcon par exemple.

lundi 21 juillet 2008

Il n’est plus question de. Rien. Ni même. Les verres cessent de s’entrechoquer et à certaines heures chacun boit seul et sans soif. Jusque. L’écroulement des esprits précèdent ceux des corps. Fatigués et les gestes lents ; imprécis. Le couperet danse en suspens. Le métal ciselé triangulaire brille et ombre beau sur nos visages défraichis. Plus tard. Les bouches veules vomissent une mélasse inaudible et informe. Personne n’écoute. Chacun avachi sur son siège ou à même le sol et ne tient plus compte que du verre. Son verre. Sa cannette de bière. Le vin se répand avec une ferveur égale dans les gorges et sur le sol parqueté. Le cendrier dégueule ses cendres et mégots et une main maladroite ne parvient pas à écraser une nouvelle cigarette. Quelqu'un tousse. Gras. Se lève et crache par la fenêtre. Ouverte sur la rue bruyante mais calme. De l'autre côté de la rue, avec la destruction de l'immeuble disparaissait aussi le banc vert autour duquel un groupe d'hommes passait leurs nuits. Ils buvaient là un mauvais vin, écoutaient de vieux morceaux de Ska mais aucun d'entre eux n'arboraient d'insignes Trojan. Ils beuglaient. De notre côté de l'immeuble nous étions très marioles mais quand de son radio-cassettes numérique émergeait les premières notes d'un morceau d'OTH nous hurlions à notre tour et pas vraiment fier de. Tandis que sur des charbons de moins en mois ardents nous. Et ils. A peine les poings se dressaient fermés forts, les bras tendus se souhaitaient révoltés ou révolutionnaires. Ils étaient mous. Nous étions saouls. Les quelques sourires échangés torves et les yeux dans le vague. Personne n'y croyait vraiment depuis longtemps ; quand le mode aléatoire mit en branle un morceau de Cansei de Ser Sexy les visages étaient soulagés.

vendredi 18 juillet 2008

Le regard vague et les couleurs du ciel indéterminées (07:32) depuis la fenêtre grillagée mais ouverte. Les barreaux à l’acier rouillé, jaune et rouge. Une porte claque et résonne dans la cour de l’immeuble. Maman, dit une voix asexuée. Le corps propre (07:57) et prêt pour une nouvelle journée (grise) en bas de la rue déjà les premiers mots audibles sont ceux proférés au buraliste chauve. Achat de la presse (08:09) ce matin encore. Bourgeoise et inconsistante comme de bien entendu. Le livre de Fred Léal est resté (08:05) près du lit, entre le cendrier plein et la bande dessinée monochrome.

Au réveil elle se retourne et se love dans toutes les couvertures et le sommeil à nouveau. L'heure est matinale et peut-être vulgaire. Je suppose. Je ne la vois pas et ne sais ce qu'elle fait ou pense. La couverture dérape et laisse son corps nu. Sa tête repose masquée par sa chevelure sur le coussin sale ; ses yeux sont clos et sa respiration régulière. Elle dort.

jeudi 10 juillet 2008

Le ciel gris bleu et métal (09:07).
Dans la fenêtre le vent et les trains de marchandises sont bruyants mais les horaires indéterminés. Procédure de démarrage de l’ordinateur effectuée, la radio est vite enclenchée. Les treize pages sont copiées et collées dans un beau document texte qu’il reste à imprimer et coller dans le carnet noir.
Les phrases (20:32) écrites furent correctes peut-être et le coup de téléphone (20:03) malgré les bruits de sacs et de salades. Répété trois fois.
Les craquements de l'eau contre le mur de béton.
De Tallin à Frounze en passant par Leningrad, Kiev et Moscou les festivités sont le cinquantième anniversaire de la Révolution d’octobre pour laquelle.
Un décalage évident.
Dans le rêve il est question des choses dites dans la radio et probablement de John Coltrane. Le réveil (19:52) assez violent et le cendrier de la pelisse plastifiée et très tigre de Sibérie déguisé glissait jusqu’au parquet lissé avec l’homme de Cork. Ensuite.

mardi 8 juillet 2008

Sunday mon cul ! ?
(00:18)
Le vent est toujours dans la fenêtre et l'arbre ne cesse de.

vendredi 4 juillet 2008

(19:18) Les feuilles de l'arbre frissonnent dans la fenêtre.
Lors de la soirée les verres de Viognier, cépage dalmate et sauvage, se succédèrent. Plus tôt (19:43) il me racontait les nouvelles de Cork entendues dans l'oreille droite mais au réveil. Ensuite nous parlions plus de Cork. Plus tard, par courts instants (20:03), être là fiché sur le haut tabouret du comptoir en béton des choses du passé ressurgirent mais j'étais saoul.
(19:25) Des bruits de pas labourent la cage d'escalier et se répercutent dans les appartements de l'immeuble ravalé depuis peu. Je n'ai pas noté le jour où les ouvriers démembraient les échafaudages et libéraient l'immeuble mais j'assistais à la déconstruction de bâtiment de l'autre côté de la rue. À chaque jour une photographie. Les pellicules sont sur la table, dans le ventre de l'appareil et chez elle. L'immeuble est jaune et brille, l'autre n'existe plus.
Enfin, je m'ennuyais et fumais d’autres cigarettes. Winston for winners. Je parlais sans envie et sais que mes explications étaient décousues. Je souhaitais ne pas parler et partir. (23:26) Je m'éclipsais mais posais d’abord le verre vide sur la table.

mercredi 2 juillet 2008

Ici le ciel (12:00) bleu uniforme et sans nuage ; triste. Dans le courrier reçu à 10:38 elle me parle de l’émission radiodiffusée et baladodiffusable dont l’invitée est Valérie Dréville. Cette année, nous n’irons pas en Avignon et Médée-Matériau reste une expérience inoubliable. C’est idiot, la dernière fois en Avignon était pour voir Valérie Dréville. Oui, c’est idiot de ne pas se rendre en Avignon cette année. Ici le ciel (12:05) bleu et la cigarette est terminée ; il faut retourner dans le bâtiment et

lundi 30 juin 2008

Dans la rue des Pyrénées en direction de l’avenue Simon-Bolivar jusqu’à se jeter dans les bras de la place de la bataille de Stalingrad et fuir sur un banc arrimé au quai du canal de l’Ourcq.
Drôle de géographie.
De Burnouf ou du zende, je ne connais rien et
(15:37)

[…]

À un moine itinérant étudiant le haïkaï :

113

Suivez

suivez les ronces

un endroit frais

Autrefois les barrières frontalières servaient à se protéger d’actions violentes, maintenant elles sont sources de violence :

114

Ces temps-ci le garde barrière

s’immunise avec du moxa

pruniers fleurs

115

Entendant la voix d’un homme

une biche rappelle

son faon

116

La première luciole

ne s’y laisse pas prendre

et s’envole

117

Une fleur de lotus

légèrement courbée

monde éphémère

118

Endroit de paresse

des alentours

ombre sombre des arbres

[…]

Kobayashi Issa, Ora Ga Haru Mon année de printemps

mercredi 25 juin 2008

"[...] A aucun moment il n'était amoindri par l'indignité de ses actes ; il acceptait toutes les abjections du destin avec un optimisme féroce. Il était sans dignité, mais cela ne l'empêchait pas de vivre. Ce que Gohar admirait surtout en lui, c'était son sens véritable de la vie : la vie sans dignité. Être vivant suffisait à son bonheur.
Gohar sourit au souvenir d'El Kordi, à l'exagération de ses malheurs, plus fictifs que réels, et sa recherche constante d'une dignité humaine. "Ce qu'il y a de plus futile en l'homme, pensa-t-il, c'est cette recherche de la dignité". Tous ces gens qui cherchaient à être dignes ! Dignes de quoi ! L'histoire de l'humanité n'était qu'un long cauchemar sanguinaire qu'à cause de semblables sottises. Comme si le fait d'être vivant n'était pas une dignité en soi. Seuls les morts sont indignes. Gohar n'estimait que les héros vivants. Ceux-là, sans doute, ne s'embarrassaient pas de dignité."


Alors Albert Cossery est indigne désormais.

vendredi 13 juin 2008

jeudi 12 juin 2008

L’été s’ennuie ferme à la terrasse du café où un demi de bière à peine entamé trône sur une table. Le second verre ressemble trop au premier ; amer. Le suivant achèvera d’hypothéquer la journée. À l’une des tables à proximité la conversation marche bien, un ton tout à fait badin ;

jeudi 29 mai 2008


Photo : LJV

mardi 22 avril 2008

Un brimborion incongru (15:49)

vendredi 18 avril 2008

(Chose vue) La femme est un panier en plastique dans une main et celle de l’enfant dans l’autre. Les produits sur la liste de courses sont dans la corbeille. La femme et l’enfant patientent devant la caisse dont le tapis roulant noir est à peine à deux mètres, trois autres panières vertes et remplies. L’enfant s’impatiente et la femme se dit que, décidément, choisir la bonne file. L’enfant trépigne et la femme s’impatiente. La femme n’aime pas l’enfant quand l’enfant joue trop l’enfant. L’enfant sautille, presse la femme de questions sur le temps à attendre. La femme ne répond pas aux questions de l’enfant. L’attention de l’enfant est détournée par les magazines colorés étalés sur le présentoir en plastique blanc, juste au-dessus des sucreries diverses dont toutes les vertus revendiquées sont imprimées sur les paquetages colorés. La femme transvase enfin les différents produits du panier vert, qu’elle encastrera ensuite dans la pile déjà constituée devant elle, au tapis roulant noir actionné par le caissier. Elle les rangera ensuite dans des sacs en plastique blanc et épais, et garde un œil sur l’enfant agitée. La femme regarde le ticket et lit. Mag : 2971 Term 0007 Op : 10012 Tick : 88136 le 17/04/08 À 19:55 Ce ticket vaut bon de garantie. À conserver. Du 11 au 22 mars 2008 dans votre supermarché le grand jeu roll over (1 euro = 6.55957) Merci de votre confiance. À bientôt. Les Mousquetaires. La femme empoche le ticket et prend la main de l’enfant avant de traverser la rue.

mercredi 2 avril 2008

Avec la lumière noire, le blanc crépite. (23:31)
(sic)
A Paris, 14°C, un euro vingt centimes pour un café et la tour Saint-Jacques enfin se découvre.

mardi 25 mars 2008

A Lisbonne, 17°C, quatre vingt-dix centimes pour un café et la lumière sur son visage.

mardi 4 mars 2008

A Cork, 58°F et deux euros pour une tasse de thé.

jeudi 21 février 2008

« [...] Je vais mourir. Les hommes vivent. Je crois en eux. Leur aventure ne prendra fin qu'avec l'aventure de la terre, et, la terre morte, continuera peut-être ailleurs. [...] Quiconque participe avec confiance à l'aventure des hommes a sa part d'immortalité. »
Élie Faure, l'Histoire de l'art -
H. Miller aussi dit que
mais
les
croyances...

jeudi 14 février 2008


Susan Silton By power of suggestion, which in favorable circumstances becomes instruction, #1, 2006

mardi 12 février 2008

Il parvient enfin devant la porte, sonne. C’est une vieille bâtisse, des pans de plâtre sont arrachés ça et là et des traces de peinture ocre et jaune subsistent.
Personne ne répond. Le bouton en émail blanc est pressé une seconde fois, plus longtemps. La rue autour est enserrée par une brume épaisse, sombre mais laiteuse.

La porte s'ouvre et dans l'embrasure se tient un homme. Gros, râblé. Sa voix est épaisse et lourde. Il racle sa gorge.
Quoi, dit-il, c'est pourquoi. D'un geste rapide de la main, il dégage de son front les quelques mèches de cheveux collées par la sueur. L'homme, il ne le connaît pas. Il cherche Mathilde. Il explique à l'homme qui lui barre le passage qu'il souhaite entrer et voir Mathilde. Mais. Mathilde, l'homme, il ne sait pas. Mathilde est partie. Il pose des questions à l'homme. Mathilde est partie. Une adresse, un numéro de téléphone peut-être ; quelque chose enfin. Une trace. On ne peut pas disparaître comme ça. Mathilde est partie. Mathilde ne peut pas s'évanouir dans la nature, comme ça. Disparaître ici. La rue de l'Ermitage dans laquelle il est, devant le numéro soixante-sept, est la dernière adresse connue. Ensuite, Mathilde, sa trace s'évanouit.
La rue de l'Ermitage, elle effectue un coude au niveau de la rue des Pyrénées ; elle dévale la rue Olivier Métra et plonge rue de Ménilmontant. Dans cette portion de la rue de l'Ermitage, les herbes poussent dans les interstices des pavés mal scellés. A l'angle des rues de l'Ermitage et des Rigoles, il se souvient des images perdues. L'odeur de ses cheveux ; l'odeur des cheveux de Mathilde évanouie. L'odeur échappée dans le caniveau le long du bâtiment des bains-douches publics.

Alors vous ne savez vraiment pas ?
L'homme insiste ; un peu.
Elle quittait la ville et son nom. Mathilde, elle s'inventait une autre vie, dans une autre ville. Plus heureuse ; peut-être.

jeudi 24 janvier 2008

(09:01) Le courrier de Wyncote, PA il est question de dentiste et de crocs en acier à affuter sévère en vue de.
Wyncote, PA, se trouve désormais à Philadelphia, PA.
Je ne connais plus l'adresse de Wyncote, PA, depuis que Wyncote, PA se trouve à Philadelphia, PA.
Je ne suis encore jamais allé à Philadelphia, PA.
(18:32) Elle est belle la lune derrière, là. Elle est plein, oui ?

mardi 15 janvier 2008

Le quinze janvier l'anniversaire de. Molière plus joué Français. Jean-Baptiste quinze janvier mille six-cent-vingt-deux. Le quinze janvier pas l'anniversaire de. quinze janvier est l'anniversaire de et c'est. quinze janvier n'est pas comme un tapis rouge mais rose et plus grande que. café, dans le sac, deux livres. Puis salut aux Halles (09:13) à l'entrée de.

mercredi 9 janvier 2008

« l’essentiel c’est pas de savoir si on a tort ou raison. Ça n’a vraiment pas d’importance… ce qu’il faut c’est décourager le monde qu’il s’occupe de vous… le reste c’est du vice »

Mort à Crédit – L.F. Céline

[...]

Il dit :

Let’s play some expensive jazz.

Il dit ça.

L’homme est noir, grand ; très gros aussi. Il est assis derrière la batterie et il regarde la saxophoniste. L’homme noir, il sourit. L’homme noir il sourit à la jeune saxophoniste.

La jeune saxophoniste est petite, blanche ; très mince aussi.

Il dit ça :

Let’s play some expensive jazz.

Il dit ça.

Et la jeune saxophoniste

esquisse

un sourire. Elle se tient debout.

Elle.

Elle est calée sur ses deux jambes.

Elle est droite.

Ses deux pieds sont écartés l’un de l’autre ; elle est en prise avec le sol la jeune saxophoniste.

Ses chaussures sont noires et fines.

Les chaussures noires de la jeune saxophoniste sont très fines et dans ses deux pieds elle ressent les vibrations émises par la musique.

Celles de l’homme noir face à la batterie.

Celles de l’homme blanc derrière elle assis sur un haut tabouret une contrebasse entre les jambes.

Celles de l’homme blanc à droite et de dos dont les doigts enfoncent des touches blanches et noires elles actionnent les marteaux des cordes du piano.

L’homme blanc à droite frappe les touches en ivoire noires et blanches et il se contorsionne sur le banc posté devant le bloc droit et marron : le piano. L’homme blanc à droite et de dos face au piano et l’autre homme blanc derrière assis sur le haut tabouret la contrebasse entre les jambes ils n’entendent pas l’homme noir et gros derrière la batterie dire ça :

Let’s play some expensive jazz.
[...]