vendredi 24 avril 2009


© April - New Math by Craig Damrauer



mardi 14 avril 2009

Le capital, ce produit du travail de l’espèce humaine, accumulé entre les mains de quelques-uns, il fuit – nous dit-on –, l’agriculture et l’industrie, faute de sécurité.

Mais où donc va-t-il se nicher, lorsqu’il sort des coffres-forts ?

Parbleu ! Il y a des placements plus avantageux ! Il ira meubler les harems du Sultan ; il ira alimenter les guerres, soutenir le Russe contre le Turc, et, en même temps, le Turc contre le Russe.

Ou bien encore, il ira un jour fonder une société d’actionnaires, non pas pour produire quoi que ce soit, mais simplement pour amener dans deux ans une faillite scandaleuse, dès que les gros bonnets fondateurs se seront retirés en emportant les millions que représentent ‘le bénéfice de l’idée’.

Ou bien, ce capital ira construire des chemins de fer inutiles, au Gothard, au Japon, au Sahara s’il le faut – pourvu que les Rothschild fondateurs, l’ingénieur en chef et l’entrepreneur y gagnent quelques millions.

Mais surtout, le capital se lancera dans l’agiotage : le jeu en grand à la Bourse. Le capitaliste spéculera sur la hausse factice des prix du blé ou du coton ; il spéculera sur la politique, sur la hausse qui se produira à la suite de tel bruit de réforme ou de telle note diplomatique ; et souvent ce seront – cela se voit tous les jours – les agents même du gouvernement qui tremperont dans ces spéculations.

L’agiotage tuant l’industrie, c’est cela qu’ils appellent la gérance intelligente des affaires ! C’est pour cela que nous devons – disent-ils – les entretenir !



Piotr Alekseïevitch Kropotkine, Paroles d’un révolté.